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Étienne Tricaud :

AFALULA a été sollicitée dès l’origine par la RCU pour imaginer ce que pourrait être un « experiential tram » à AlUla. Avec le consultant Railconcept, elle a défini en quelques mois un tracé, le design du matériel roulant, et le service de mobilité. Par la suite, l'agence et son chef de projet tram, Najate Abouali, ont développé le programme avec, d’une part, l’apport décisif de Patrick Jouin sur le matériel roulant et, d’autre part, le co-pilotage avec RCU de l’ingénierie SYSTRA sur l’infrastructure. Patrick Jouin a su, par son expérience et son talent, transformer les dessins d’intention en un projet constructible au design innovant, raffiné, et chargé d’une identité forte.

QUEL A ÉTÉ LE RÔLE DE L’AGENCE DANS LE DÉROULEMENT DU PROJET ?

Patrick Jouin :

L’identité sonore reste à étudier. Elle trouvera ses sources d’inspiration dans la culture locale, ses musiques et ses ambiances sonores, et également dans l’univers de l’oasis, du vent dans les feuillages au chant des oiseaux, tout en se référant aux sons qui font sens dans l’imaginaire collectif international quand il s’agit d’informer ou d’annoncer un danger.

Étienne Tricaud :

Des écrans à l’intérieur des voitures assureront l’information des voyageurs sur leur parcours, mais également plus largement sur les sites et activités qu’offre AlUla.

Y AURA-T-IL UNE IDENTITÉ SONORE ? POUR ANNONCER LES STATIONS PAR EXEMPLE ?

Étienne Tricaud :

C’est l’agence d’architecture LA/BA, partenaire de l’ingénierie SYSTRA, qui a conçu les gares sur la base du cahier des charges que nous avions établi. Avec deux points clés : chaque gare est avant tout un « pôle d’échange » où l’accès depuis le tram aux différents modes de transport (les bus, les navettes, le vélo ou le cheval…) doit être aisé et immédiatement intelligible ; le design de la gare doit être minimaliste, afin de privilégier l’expérience immersive de l’oasis, dès la sortie du tram.

PARLONS DES GARES : EST-CE VOUS QUI LES AVEZ CONÇUES ?

Étienne Tricaud :

Concernant les codes couleurs et les matières, l’identité du tram se définit en référence à l’esthétique des grands trains mythiques du début du XX^e siècle, mais suit une ligne à la fois contemporaine et atemporelle. L'espace intérieur dégage une atmosphère raffinée et feutrée, sereine et confortable, grâce à des matériaux nobles et à la qualité des détails.

Patrick Jouin :

Nous voulions que les assises soient très confortables et permettent de s’isoler dans la contemplation et la méditation, ou au contraire de se réunir à plusieurs, en famille ou entre amis. Des emplacements sont également prévus pour les personnes à mobilité réduite. Enfin, une configuration spécifique a été envisagée pour transformer une rame en « wagon restaurant » pour des occasions particulières.

POUVEZ-VOUS NOUS RACONTER CE QUI A PRÉSIDÉ À LA CONCEPTION DE L’AMÉNAGEMENT INTÉRIEUR ?

Étienne Tricaud :

Le tracé du tramway reprend 22 km de la ligne du Hijaz Railway qui reliait Damas à Médine (1 800 km) au début du XX^e siècle, et traversait le site d’AlUla du Nord au Sud.

Les 22 kilomètres (17 stations) se parcourent en environ 40 minutes. Cela signifie que c’est un train où l’on s’installe, pour un moment de repos, de contemplation et de convivialité. Concernant l’expérience passager, le tram offrira plusieurs types d’espaces. Les « belvédères », complètement ouverts (comme sur nos anciens bus parisiens à plateforme), plongent le voyageur dans le grand paysage. Quant aux espaces fermés par des vitrages, ils sont protégés par de fines lamelles horizontales extérieures qui empêchent le rayonnement direct du soleil, tout en permettant d’admirer la vue.

COMMENT AVEZ-VOUS TRAVAILLÉ POUR METTRE EN VALEUR LE CADRE EXCEPTIONNEL QUE TRAVERSERA LE TRAM ?

Étienne Tricaud :

Le projet de construire un tramway à AlUla est né fin 2019 : le CEO de la RCU souhaitait inclure dans la présentation à Mohammed bin Salman du masterplan d’AlUla - qui allait devenir le « Journey Through Time » - un « experiential tram » afin de desservir les principaux sites touristiques (Vieille ville, Dadan, Jabal Ikmah, Hégra) et constituant par lui-même une attractivité pour les visiteurs.

Patrick Jouin :

Le « cahier des charges » initial était succinct : mettre en place un moyen de transport privilégié, au cœur de l’oasis, pour les visiteurs et les populations locales, et offrir un mode de déplacement sûr, efficace, confortable et muni d’un « supplément d’âme », par son image et la qualité de son design.